PROJET  
Aquarama 89 – septembre 2020

Kaseco projette deux nouvelles habitations

Kaseco va construire deux nouvelles maisons-serres, l’une dans le Brabant flamand et l’autre dans le Brabant wallon. L’épuration de l’eau de pluie et des eaux résiduaires a lieu de manière très naturelle. Nous nous sommes entretenus avec Koen Vandewalle de Kaseco et Wim Herremans d’Ecoz.

Dans la commune de Rekkem, en Flandre-Occidentale, l’architecte Koen Vandewalle a déjà construit l’année passée un bâtiment de démonstration autour de sa maison. Par là, la première maison-serre était un fait dans notre pays. Aujourd’hui, il a en tête deux nouveaux projets. L’eau de pluie avec l’épuration d’eau naturelle forme la base de la maison-serre. Pour l’eau grise et l’eau noire, de l’eau de pluie est utilisée. Selon Koen Vandewalle, il est important de bien épurer l’eau de pluie avant qu’elle pénètre dans l’habitation. « La qualité de l’eau de pluie peut varier fortement », déclare Koen Vandewalle. « Parfois, elle contient du sable ,provenant par exemple du Sahara. » L’eau de pluie est d’abord épurée par un filtre construit par Kaseco elle-même. Le filtre combine un filtre à lave et un champ de roseaux qui a été enterré. « Cette combinaison est unique », déclare Vandewalle. « Le remplissage bactériologique est épuré par l’enracinement profond des roseaux. Les roseaux empêchent aussi que le filtre ne soit obstrué. Le filtre approvisionne également l’eau en minéraux, ce qui l’enrichit. Le filtre a 15 mètres de long, 1 mètre de large et une profondeur de 1 mètre. Supposons qu’une nuée d’orage gigantesque se manifeste, dans ce cas, ce filtre peut tamponner temporairement des milliers de litres d’eau. »

Puits d’eau de pluie

L’eau de pluie s’écoule ensuite dans les 3 puits d’eau de pluie d’une contenance de 20.000 litres chacun. « Ils sont reliés par un siphon », indique Koen Vandewalle. « Ceci signifie que le puits d’en bas s’écoule dans le puits suivant. Cela crée peu de mouvement dans l’eau et amène plus d’oxygène. Dans le troisième puits se trouve une membrane perméable qui filtre les matières en suspension. Lorsque l’eau entre dans l’habitation, elle est filtrée par 4 filtres de 25 à 50 microns. Il s’agit notamment d’un filtre à charbon actif et d’un filtre de décontamination. » Ensuite, l’eau peut être utilisée pour les équipements sanitaires, comme les toilettes, la douche, la cuisine et les lavabos.

Pour le système d’eaux résiduaires, on a fait appel à la société Ecoz. L’eau grise et l’eau noire consommées sont rassemblées dans un préclarificateur où la totalité des matières grossières reste. Le puits doit être vidé tous les quatre à cinq ans. Dans le deuxième puits, le puits à pompe, se trouve une pompe d’eau sale qui est dotée d’un flotteur. Lorsque les eaux résiduaires atteignent un certain niveau, elles sont pompées en direction du champ de percolation. « C’est une épuration d’eau dans laquelle les roseaux ne sont pas une exigence. Divers types de plantes permanentes peuvent être utilisés, dont des plantes à papillons et à abeilles », indique Wim Herremans d’Ecoz. « Sur ce champ, on trouve notamment de l’herbe à chat, de la salicaire, de la menthe d’eau, de la renouée bistorte, du darmera pelté, ... » Grâce à un système de distribution entre les racines, l’eau est distribuée dans le champ où l’épuration a lieu. « Par les petits trous du système de distribution, les eaux usées s’écoulent lentement entre les racines des plantes et descendent à travers le substrat », indique Herremans. « Sous la zone végétale, une vie exclusivement microbienne épure les eaux résiduaires de manière totalement autonome. Les plantes maintiennent le système ouvert et assurent un supplément d’oxygène. Les bactéries épurent les eaux usées. » Le système Ecoz ne demande pratiquement pas d’entretien. Le coût de l’électricité est minimum. La pompe ne fonctionne que quelques fois par jour pendant une minute à peine. Pour une famille de 5 personnes, ceci représente une consommation d’électricité moyenne de 15 kWh par an. Le coût moyen de l’électricité est d’environ 1 euro par habitant et par an. Le système Ecoz n’entraîne aucune odeur ni bruit désagréables.

Cristalline et incolore

L’eau épurée s’écoule par drainage sur le fond du système, en direction d’un puits d’échantillonnage. Ce puits de contrôle a été conçu de manière à ce que l’eau reste toujours dans le système. Ceci a une influence positive sur l’épuration et fait en sorte que les plantes peuvent survivre si le système n’est pas chargé pendant une période prolongée. Dans le puits, l’eau épurée peut être contrôlée en permanence, l’eau étant déchargée par gravité dans l’eau de surface, à l’instar d’un ruisseau ou d’une mare. Cette eau est cristalline et inodore. L’efficacité de l’épuration du système Ecoz est particulièrement élevée, y compris pendant les mois d’hiver. La consommation d’oxygène biochimique (COB) diminue de 99,5 % et les matières en suspension sont éliminées à 99,7 %. Les effluents satisfont largement à la norme Vlarem II, de sorte qu’ils peuvent être restitués purs à la nature.

Pour décharger ces effluents, Kaseco rencontre parfois une certaine opposition des autorités. « Dans notre projet du Brabant wallon, l’habitation n’a pas encore été raccordée à l’égout », indique Koen Vandewalle. « L’habitation est la dernière de la rue et l’égout se trouve à une distance de 150 mètres. Toutefois, un raccordement à l’égout est programmé. Si nous suivons la législation, nous ne pourrons pas laisser les eaux résiduaires épurées s’écouler dans le sol. Cette législation est très étrange. » Veerle Depuydt du Vlaams Kenniscentrum Water (Vlakwa) confirme que les eaux résiduaires ne peuvent pas être infiltrées directement dans le sol. « Les effluents doivent, lorsqu’aucun égout n’est présent, être évacués vers les eaux de surface, comme un fossé ou un cours d’eau. Si ceci n’est pas possible, ceci doit être réalisé par une évacuation d’eau de pluie artificielle. En raison de la sécheresse permanente, on réfléchit de plus en plus à l’utilisation locale de ce type d’eau. Dans un avenir proche, on verra comment ceci peut être éventuellement réalisé. Il existe quelques beaux projets en cours, comme ce projet de Kaseco et Ecoz, qui peuvent être instructifs. A partir des leçons apprises de semblables projets, un cadre législatif adapté peut être élaboré pour la réutilisation. On se penche à présent sur l’encadrement qui est encore nécessaire pour mettre à l’échelle des projets de réutilisation, comme il y en a beaucoup en cours en Flandre à l’heure actuelle, de manière à ne pas en rester à des initiatives uniques. Pour le citoyen, il est parfois peu évident de savoir ce qui peut se faire ou ce qui est interdit, mais je suis optimiste quant à l’avenir. Kaseco et Ecoz sont des projets innovants qui sont bien encadrés par les autorités et les organismes du savoir. Nous devons agir de manière intelligente pour l’avenir. A partir du Vlakwa, nous poursuivrons volontiers de semblables projets ou les soutiendrons si possible. Nous voyons que les citoyens sont de plus en plus ouverts face à de tels projets et de telles initiatives. »

« La qualité de l’eau de pluie peut varier fortement. Parfois, elle contient du sable, provenant par exemple du Sahara. »

Koen Vandewalle

« Sous la zone végétale, une vie exclusivement microbienne épure les eaux résiduaires de manière totalement autonome.

Wim Herremans.

Veerle Depuydt

« Kaseco et Ecoz sont des projets innovants qui sont bien encadrés par les autorités et les organismes du savoir. »