PROJET
Aquarama 76 – juin 2017
Le Bierkasteel fait un pas en avant grâce à l’épuration biologique Trevi
Une optimisation sur tous les fronts: c’est ce à quoi a veillé la Brasserie Van Honsebrouck lorsqu’elle a démarré la réalisation d’un projet unique en Belgique, le Bierkasteel (Château de la bière). Lors de la construction de la nouvelle brasserie, la direction a investi immédiatement dans une toute nouvelle installation d’épuration d’eau. Elle a choisi pour ce faire l’entreprise Trevi. Ce fournisseur de solutions écologiques, basé à Gentbrugge, a assisté la brasserie de Flandre occidentale, dans la conception et la construction d’une station d’épuration biologique.
La bière et la famille Van Honsebrouck, est un mariage qui perdure déjà depuis plusieurs décennies. Cette brasserie familiale, aujourd’hui dirigée par Xavier Van Honsebrouck qui représente la cinquième génération, bâtit sa réputation sur différentes bières de niche et s’enorgueillit de sortir des sentiers battus. Ainsi, elle ne fabrique pas de ‘pils’ mais se consacre uniquement aux bières spéciales, dont la Kasteelbier, Filou, Slurfke, St Louis et Passchendaele, parmi ses marques les plus connues.
« Notre entreprise a écrit cette année une page d’histoire en étant la première brasserie en plus de cent ans à construire une nouvelle brasserie à partir de zéro. Par le passé il y a déjà eu des projets dans lesquels une brasserie investissait dans une nouvelle unité d’embouteillage, mais ce que nous faisons aujourd’hui est du jamais vu », affirme le gérant Xavier Van Honsebrouck.
La réalisation du tout nouveau complexe sur un site de 7 hectares, était un tour de force. Il y a trois ans il y avait encore là une ancienne fabrique de meubles. Aujourd’hui le tout nouveau Bierkasteel est le nom collectif d’une brasserie à la pointe du progrès, d’un café, d’un centre pour visiteurs et d’une boutique de bières. Du fait de son cadre unique, le site est également devenu un lieu d’événements populaires, où l’authenticité et la technologie ultramoderne sont rassemblées dans un cadre parlant à l’imagination.
Physico-chimie
Sur le site précédent d’Ingelmunster, la Brasserie Van Honsebrouck épurait ses eaux usées d’une manière physico-chimique. L’eau traitée était ensuite déversée dans les égouts, ce pour quoi l’entreprise payait une taxe. L’entreprise a profité du déménagement vers la nouvelle brasserie pour examiner également cet aspect-là à la loupe. Surtout en raison de l’augmentation sensible de la capacité de brassage du nouveau site, il n’était plus envisageable de traiter les eaux usées de manière physico-chimique.
« Lors d’une épuration physico-chimique, on pratique en fait un ‘glissement de phase’: on déplace la pollution de l’eau vers les boues et l’on crée en fait une charge polluante plus grande encore, car celle-ci contient en plus les produits chimiques rajoutés. Pour diverses raisons nous avons dès lors conseillé aux responsables de passer à une épuration biologique », nous explique Jacky Mortelmans (directeur de Trevi).
« Les eaux usées d’une brasserie contiennent entre autres des restes de levure, d’alcool et de produits de nettoyage. Cette pollution organique est un festin de roi pour les bactéries. Il y avait donc surtout lieu, pour la nouvelle installation, de maîtriser totalement ce processus, en ayant un contrôle parfait de la quantité de bactéries, de la nourriture qu’elles reçoivent, et de l’oxygène. »
« Le processus d’épuration sans traitement anaérobie est bien plus simple et réduit les frais de fonctionnement. »
Installation
Trevi a opté, pour l’épuration de l’eau, pour un système de boues activées en continu, sans processus anaérobie. « Nous l’avons choisi pour trois raisons », poursuit Jacky Mortelmans. « Tout d’abord, la composition des eaux usées est très variable (le COD – carbone organique dissous – varie de 1.500 à 7500 mg/l) ce qui est défavorable à un processus anaérobie stable. Deuxièmement, même avec un processus anaérobie, il faudrait en plus un traitement aérobie pour pouvoir répondre aux normes très strictes de rejet. En outre, une combinaison anaérobie / aérobie nécessite un investissement plus important et une surface plus grande. Troisièmement, le processus d’épuration sans anaérobie est bien plus simple et le coût opérationnel est dès lors plus faible. »
La nouvelle installation, construite en 2014, possède un rendement bien plus élevé que celui de l’ancienne installation physico-chimique, parce que l’eau peut être purifiée à un niveau de qualité bien meilleur, et peut dès lors être rejetée directement dans l’eau de surface (à savoir la Mandel, un affluent de la Lys). De plus la pollution présente peut être réduite à 10%, sous forme de boue.
L’épuration aérobie de l’eau comporte une chambre de relevage, un tamis à tambour, un réservoir tampon, un bassin de sédimentation ultérieure et une minéralisation des boues ventilée. Le puisard est conçu comme un puits souterrain (10 m3) avec un triple système de pompage redondant, adapté à l’eau CIP (nettoyage en place) jusqu’à 80°C. Le réservoir tampon a une capacité de 1.000 m3 et répond ainsi à l’arrêt de production des mois d’été et à la production irrégulière d’eaux usées durant les autres mois de l’année. Le traitement biologique occupe un volume de 2.000 m3.
Aération
Pour l’aération des installations, Trevi travaille depuis vingt ans déjà avec des aérateurs à plaques assemblés en interne, sous licence de l’entreprise allemande Messner. « En comparaison d’autres aérateurs, c’est un système très efficace qui consomme au moins trois fois moins d’énergie. De plus, c’est précisément l’aération qui représente entre 60 et 70% des besoins totaux en énergie d’une installation d’épuration d’eaux usées. Les aérateurs à plaques sont, en termes de consommation d’énergie, sans conteste les premiers de la classe. Ils ne nécessitent en outre que peu de frais d’entretien et ont une durée de vie longue », poursuit Jacky Mortelmans.
Boucler le cycle
Trevi co-exploite l’installation chez Van Honsebrouck et contribue de façon importante au bouclage du cycle. « Via une société-sœur, nous construisons des installations de fermentation qui transforment les déchets en biogaz, qui est ensuite converti en électricité. Les résidus organiques restants (10% de la teneur d’origine de l’eau non traitée) de la brasserie sont collectés et envoyés vers une installation de fermentation avoisinante, où elles sont donc transformées en électricité. Van Honsebrouck rachète cette énergie à notre société-sœur et boucle ainsi totalement le circuit. »
Suivi
Avec cette installation flambant neuve d’épuration d’eaux usées, la Brasserie Van Honsebrouck a fait un énorme pas en avant. « Surtout si l’on considère qu’elle est à présent en mesure de boucler totalement le cycle, l’image complète de la nouvelle approche est pour elle très intéressante. L’exploitation est très rentable. »
Trevi a pris en charge, pour ce projet, la conception et la coordination de l’épuration d’eaux usées. L’entreprise a également pris en charge le montage de tout l’équipement électromécanique. Ses propres programmeurs ont assuré le système de commande tandis qu’une autre équipe accompagnait la phase de démarrage. « Nous allons encore une fois par mois à la brasserie pour assister les responsables techniques pour l’exploitation. Compte tenu d’une gestion et d’un suivi corrects, nous surveillons également l’installation en ligne, à distance », conclut Jacky Mortelmans.
Par Bart Vancauwenberghe
Visite d’entreprise
Les personnes désirant visiter la brasserie ont toute latitude de le faire. Quotidiennement ont lieu trois visites du ‘Bierkasteel’ au départ du centre pour visiteurs, tant pour les personnes individuelles que pour les groupes. La combinaison d’une vrai guide et de multimédia interactif, permet d’en faire une expérience inoubliable.





