FÉDERATIONS
Aquarama 107 – mars 2025
Réponse du CEBEDEAU aux questions des industriels sur les PFAS
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Accélérateur de particules IBA Rhodotron utilisé dans des applications environnementales.
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Dans le cadre de ses échanges avec ses partenaires industriels, le CEBEDEAU a organisé un webinaire pour répondre aux interrogations croissantes sur les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) et leur gestion dans les eaux usées industrielles. Pour approfondir le sujet, le webinaire complet est disponible en replay : https://cebedeau.be/fr/blog/article/webinaire-pfas
Voici les points clés abordés lors de cet événement.
Origine et impact des PFAS
Les PFAS sont des composés organiques extrêmement stables, utilisés pour leurs propriétés imperméabilisantes et résistantes aux températures. Cependant, leur durabilité chimique entraîne une dissémination environnementale préoccupante. Ces substances se retrouvent dans divers secteurs industriels et domestiques (textiles, cosmétiques, mousses anti-incendie, etc.) et posent des défis majeurs en matière de traitement et de réglementation.
Les PFAS contaminent les eaux de surface et souterraines, les sols et les organismes vivants, avec des effets documentés sur la santé humaine.
Échantillonnage et analyse en laboratoire
La quantification des PFAS suit des protocoles stricts pour éviter les contaminations.
- Prélèvements ponctuels et composites avec des équipements dédiés.
- Analyses en laboratoire par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse, permettant une détection précise à des niveaux nanométriques.
Le transport et la conservation des échantillons sont encadrés pour préserver leur intégrité. Lors du transport, l’échantillon doit être maintenu sous les 10°C, avant d’être stocké à 4°C ou -20°C.
Normes et réglementation en région wallonne
En Wallonie, les PFAS sont principalement régis par la directive-cadre sur l’eau, fixant des normes environnementales strictes (NQE). Bien que les rejets industriels de PFAS ne fassent pas encore l’objet de normes explicites, les permis environnementaux interdisent déjà les substances dangereuses identifiées par les textes européens.
Un monitoring régional est prévu en 2025. Plus de 6 700 entreprises ont été identifiées comme potentiellement émettrices. À l’issue de cette campagne, des valeurs limites d’émission spécifiques seront imposées en tenant compte des meilleures techniques disponibles et des caractéristiques des milieux récepteurs.
Méthodes de traitement et défis
Les solutions actuelles incluent le charbon actif, les résines échangeuses d’ions, les techniques membranaires, l’oxydation avancée ou encore diverses technologies expérimentales. Nous profitons d’ailleurs de cette parution pour vous présenter ci-dessous une de ces technologies expérimentales prometteuse.
Utiliser la technologie des accélérateurs de particules pour lutter contre les PFAS
À la rencontre d’IBA et de son Discovery Lab
Entreprise belge leader dans la conception et la fabrication d’accélérateurs de particules utilisés dans le domaine médical, IBA (Ion Beam Applications) a élargi son champ d’action grâce, entre autres, à son Discovery Lab. Dans le cadre de divers projets en Wallonie, la société utilise désormais ses compétences à des fins environnementales, afin d’éliminer les polluants organiques persistants, tels que les PFAS, présents dans l’eau et dans les sols. Stéphane Lucas, CIO chez IBA, nous a expliqué les tenants et aboutissants de cette démarche innovante.
Leader mondial
Créée il y a plus de 35 ans, IBA occupe une position de leader dans son domaine d’activités. Ses technologies basées sur les accélérateurs de particules sont utilisées pour le diagnostic et le traitement du cancer ainsi que pour des activités industrielles comme la stérilisation.
Ouvrir le champ des applications
Fort de cette expertise, IBA s’est mis à réfléchir à d’autres applications potentielles de sa technologie, via son Discovery Lab dédié à cet effet. Dirigé par Stéphane Lucas, ce laboratoire collabore avec divers partenaires académiques et industriels pour développer des solutions aux enjeux environnementaux (traitement ders PFAS, du CO2, des dioxines et des microplastiques). Dans ce contexte, il y a deux, trois ans, l’entreprise a validé le fait que des électrons à forte intensité pouvaient contribuer à détruire les substances polluantes permanentes, dont les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) que l’on trouve dans l’eau et le sol.
Les questions posées étaient alors : était-il possible de traiter l’eau contaminée en PFAS à l’aide d’électrons, et était-il possible de régénérer les matériaux de filtration pollués en PFAS ? La réponse est ‘oui’ dans les deux cas. Bref, avec l’accélérateur d’électrons Rhodotron, détruire les PFAS résiduels dans les matériaux de filtration n’est pas un problème, ce qui ouvre de nouvelles et vastes possibilités en la matière. De plus, cette technologie se révèle durable (aucun rejet) et semble financièrement compétitive par rapport à un système d’incinération.
Trois axes de travail
Sur base de ce constat, IBA poursuit une stratégie en trois axes. Le premier consiste à optimiser les conditions d’utilisation du Rhodotron pour maximiser la destruction des PFAS. Ceci se révèle possible par le biais de travaux expérimentaux et de la modélisation de la physico-chimie de destruction.
Le deuxième consiste à développer des partenariats industriels avec des sociétés privées et publiques wallonnes pour appliquer ces recettes à des échantillons environnementaux réels (eau pompée de rivières ou nappes phréatiques, charbon actif filtrant…). Il faut ici noter que cette technologie permet non seulement d’éliminer les PFAS, mais aussi d’autres micropolluants, tels que les pesticides. Enfin, le troisième axe est l’établissement d’un PPP dont l’objectif est de mettre en place un démonstrateur industriel permettant d’évaluer la pertinence et la performance de toute technologie innovante permettant de filtrer et de détruire les polluants organiques résistants. En ce sens, ce projet est ouvert à d’autres partenaires étrangers ou non.
Ces deux derniers axes se développent en collaboration avec la Région wallonne, et en plus de répondre à des préoccupations environnementales, devraient permettre d’ouvrir de nouveaux marchés aux technologies existantes d’IBA.
Avec la technologie de l’accélération de particules appliquée à l’élimination des micropolluants organiques persistants, IBA démarre une nouvelle aventure passionnante et prometteuse. Personne, en effet, ne possède à ce jour un accélérateur d’électrons aussi puissant et un tel know-how.
www.iba-worldwide.com
Par Michel Hanoulle
Photo : IBA