FÉDERATIONS
Aquarama 107 – mars 2025
Et si un juriste et cinq ingénieurs en épuration des eaux unissaient leurs forces ? Leur rencontre signerait l’avènement d’un « nuevo oro », d’un « nouvel or » en espagnol. Dans sa forme contractée : Nuoro, une entreprise qui, depuis le Nouvel An 2022, se donne à fond pour dispenser ses conseils avisés à l’industrie et au secteur public et contribuer à la mise en oeuvre de projets durables en matière d’épuration des eaux et d’approvisionnement en énergie. Jan Bos Van Hemelrijck et Jeroen Van Beek nous font part de leur entreprise et de leurs ambitions.
Collègues il y a près un peu plus de trois ans, Domien Borghs, Jan Bos Van Hemelrijck, Jeroen Van Beek, Koen Vliegen, Kris Gorissen et Thomas Aertsen possédaient déjà une grande expérience dans le domaine de l’épuration des eaux. « Au fil de nos conversations, nous nous sommes rendus à l’évidence que nous voulions écrire ensemble un chapitre de notre aventure industrielle, reposant sur des valeurs telles que le respect, la durabilité et l’intégrité. Nous partageons la même vision : réaliser, en toute indépendance technologique, la bonne solution au bon endroit pour nos clients. C’est ainsi que Nuoro a vu le jour », précise Van Beek.
Les « Six de Heist-op-den-Berg » veulent éviter tout compartimentage excessif. « Toute réalisation requiert une approche qui ne se borne pas au traitement des eaux », selon Van Hemelrijck. « Un rapport synergique fort avec la problématique énergétique est incontournable. C’est pourquoi nous estimons qu’il est essentiel de cultiver une vision la plus ouverte possible. Nous opérons dans le même esprit au sein de notre entreprise : structure horizontale et absence de PDG. Nous avons renforcé notre équipe en embauchant six éléments qui participent aussi à la prise de décisions (commerciales). Si les candidats optent pour notre entreprise durable, c’est parce qu’ils savent qu’ils y seront appelés à jouer un rôle déterminant. Nous appartenons à une génération consciente de la nécessité de sortir des sentiers battus pour relever les immenses défis que posent l’énergie verte et l’approvisionnement en eau. »
Nuoro s’engage à assurer un large éventail de services majeurs : épuration des eaux, énergie verte et maintenance. « Nos trajectoires de consultance et de conseils sont plus courtes parce qu’elles reposent, par exemple, sur une étude de faisabilité. De plus, les éléments au profil solide dont nous disposons sont à même de lancer et d’optimiser toute installation. Entre-temps, nous avons réalisé quelques beaux projets de conception et de construction. »
À titre d’exemple, Nuoro a remporté un appel d’offres du VITO (Institut flamand pour la recherche technologique) relatif à la construction d’une série de conteneurs pilotes indispensables à l’étude du potentiel de réutilisation des eaux en Flandre. « C’est en septembre 2023 que nous avons achevé ce projet qui nous avait été confié fin 2022 », poursuit Van Beek. « En raison de la technologie à mettre en oeuvre et de sa complexité électromécanique, ce projet entrait parfaitement dans le cadre de nos compétences. D’autres réalisations comparables ont rapidement suivi, à l’instar de la récupération des eaux de pluie au zoning Keiberg-Vossem de Tervuren. Les eaux de pluie qui tombent sur la voirie et les toits des entreprises y sont recueillies dans un vaste bassin tampon ouvert. Au terme de leur revalorisation en eau sanitaire, ces eaux sont vouées au nettoyage d’infrastructures et d’autres processus qui n’en requièrent pas la potabilité. »
Les activités de Nuoro se situent presque toujours à l’interface entre l’eau et l’énergie. « L’eau et l’énergie sont indissociables », soutient Van Hemelrijck. « Pour obtenir des eaux potables et de surface qui satisfont à toutes les exigences, il faut une énergie appréciable. Des procédés tels que l’oxydation poussée et la filtration membranaire sont d’énormes consommateurs d’énergie. Par ailleurs, la production d’énergie est très gourmande en eau. Au sein de l’UE, le secteur énergétique consomme davantage d’eau que l’agriculture. En conséquence, aucun approvisionnement énergétique durable ne peut se passer d’un savoir-faire approfondi. Des acteurs de premier plan tels qu’Aquafin en sont conscients et intègrent ces deux aspects dans leurs réflexions conceptuelles, portant par exemple sur l’avenir de notre infrastructure d’épuration des eaux. »
Nuoro a remporté en 2024 un appel d’offres d’Aquafin portant sur la modernisation de la station d’épuration de Gand. « La fermentation des boues produites au cours du processus d’épuration génère du biogaz. Jusqu’à présent, ce biogaz était brûlé dans des centrales de cogénération affectées à la production conjointe d’électricité et de chaleur. Les centrales de cogénération arrivent progressivement au terme de leur durée de vie et cessent d’être rentables en raison de l’extinction des certificats verts. En outre, ces centrales dégagent de l’azote et des gaz de combustion. »
Pour relever ces défis, Aquafin a décidé de remplacer les centrales de cogénération par des installations de biométhanisation. « La purification du biogaz permet d’obtenir un biométhane chimiquement équivalent au gaz naturel et directement injectable dans le réseau de gaz naturel. Pour ce faire, il faut disposer d’une nouvelle source de chaleur. La solution réside dans l’exploitation des effluents de la station d’épuration. Nous en utilisons la chaleur pour maintenir les digesteurs à la bonne température. L’application à grande échelle de ce procédé constitue une étape importante dans la pérennisation de l’approvisionnement en énergie. Intégrateur à même d’assembler correctement toutes les pièces du puzzle, Nuoro fournit la pompe à chaleur destinée à l’échangeur thermique. »
À la station d’épuration d’Alost, Nuoro contribue à une épuration d’avenir des eaux usées. « La transformation des effluents de l’installation d’épuration en eau potable y est associée à un tamponnage souterrain selon le principe du stockage et de la récupération en nappe aquifère. Comprenant une filtration membranaire, une filtration au charbon actif et divers systèmes de désinfection, un processus d’épuration ‘multibarrière’ transforme une partie des effluents en eau potable, déversée dans un bassin tampon souterrain pendant les périodes humides. Cette réserve d’eau contribue à assurer l’approvisionnement en eau potable pendant les périodes plus sèches. »
Nuoro ambitionne de devenir une référence belge, puis internationale, en matière de réalisation de projets dans le domaine de l’eau et de l’énergie. « Le savoir-faire et l’expérience que nous acquérons au niveau national seront essentiels à l’élaboration de solutions adaptées aux régions où la pénurie d’eau est encore plus aiguë. »
Par : Bart Vancauwenberghe.
Photos : Nuoro
