EVÉNEMENTS  
Aquarama 106 – décembre 2024

Par Matthias Vanheerentals

Le Workshop B-IWA se concentre sur les solutions

La dix-neuvième édition du salon professionnel Aquarama s’est récemment tenue au Brabanthal de Louvain. Cette manifestation a vu l’organisation de nombreux ateliers, dont celui de la « Commission belge de l’Association internationale de l’eau », B-IWA en abrégé, lequel avait pour thème central les émissions d’azote. Rapport.

PDG de l’entreprise technologique AM-Team, Wim Audenaert a présenté un exposé consacré aux émissions de protoxyde d’azote (N2O) lors de l’épuration d’eaux usées. « Divers modèles informatiques peuvent contribuer à tester de nombreux scénarios virtuels de réduction des émissions », relate Audenaert. « Nous avons mis au point un modèle informatique inédit, apte à prédire les émissions en 3D. Ce modèle est d’ores et déjà en application dans 22 pays. La Belgique, le Danemark et les Pays-Bas sont du nombre. Le Canada et les États-Unis ont encore pas mal de chemin à parcourir. »

Congrès mondial de l’eau organisé à Toronto par l’AIE

En sa qualité de professeur à l’Université de Gand, Eveline Volcke s’est livrée à une synthèse portant sur le protoxyde d’azote émis lors de l’épuration des eaux usées en s’appuyant sur un rapport émanant d’un atelier consacré à cette thématique et organisé par l’AIE lors du Congrès mondial de l’eau qui s’est tenu en août à Toronto. « Le facteur d’émission correspond au taux d’ammonium provenant des eaux usées et converti en protoxyde d’azote. La détermination de ce facteur dépend, entre autres, de la technologie employée, de la procédure et de la nature des eaux usées. À titre d’exemple, le traitement des flux secondaires à forte teneur en ammonium se distingue généralement par des facteurs d’émission plus élevés que lors du traitement du flux principal des eaux usées domestiques. Les pouvoirs publics sont conscients de la problématique des émissions de protoxyde d’azote. »

Directives

Le GIECC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a élaboré plusieurs directives portant sur les modalités de déclaration des émissions de gaz à effet de serre par les entreprises d’épuration des eaux usées. « Les services de gestion des eaux s’efforcent de rendre compte des émissions à l’échelle mondiale », explique Volcke. « En guise de méthodologie, les responsables privilégient une approche de ‘niveau 1’ laquelle consiste à appliquer un facteur d’émission fixe dans les pays pour lesquels on ne dispose que de peu de données. Si la somme des données disponibles est conséquente, les responsables peuvent envisager l’application d’un facteur d’émission national spécifique ; c’est ce que l’on appelle une approche de ‘niveau 2’. Enfin, l’approche de niveau 3 consiste en une méthode particulière (qui ne réside pas exclusivement dans l’application d’un simple facteur d’émission) à laquelle ces pays ont recours pour rendre compte des émissions, sur la base de l’expérience acquise au sein de grandes installations d’épuration des eaux usées. »

Développements internationaux

Mme le professeur Volcke a également présenté une synthèse de la situation internationale quant à l’inventorisation et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de l’eau. « Cela fait plus d’une dizaine d’années que le Danemark s’est engagé dans la réduction des gaz à effet de serre. D’ici 2030, les pouvoirs publics se sont donnés pour but d’atteindre une réduction de 70%. Le R.-U. s’est engagé sur la voie d’une triple réduction des émissions de carbone. » Volcke estime qu’en Belgique, les services de gestion des eaux font déjà du bon travail. Bien qu’elle se considère comme une fervente partisane des modèles informatiques, Volcke précise que l’on ne peut se passer de l’exécution de mesures. « Les données recueillies ne nous ont pas encore livré tous leurs secrets. Idéalement, il conviendrait de procéder à une analyse comparative plus approfondie des différents types d’installations d’épuration des eaux usées quant à leur efficacité et à leurs émissions de gaz à effet de serre, en faisant le lien avec la procédure mise en oeuvre. »

Traitement du problème à la source

Professeur émérite à l’Université de Gand, Willy Verstraete s’est également penché sur le problème de l’azote. « Un problème évident réside dans la conversion de l’azote ammonium en nitrates dans les sols et eaux usées par un processus biologique que l’on nomme nitrification. Dans la perspective d’un avenir durable, nous devrions nous efforcer de prévenir ce processus, ou du moins d’en réduire autant que possible l’importance. Un autre processus envisageable réside dans le craquage de l’azote ammoniacal en azote gazeux inerte et en hydrogène gazeux riche en énergie. Nous ne devons pas nous interdire de penser que les procédures actuelles pourraient être appelées, à l’avenir, à se muer en méthodes de travail plus durables. »

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